En 2020, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) a recensé 14,6 millions de retraités en France. En ce sens, on constate un essor de l’habitat partagé, un mode de vie solidaire porté par des groupes de citoyens, des promoteurs ou encore des collectivités territoriales. Cet habitat partagé est apprécié par les seniors souhaitant conserver un lien social et surtout éviter l’isolement. Comment l’habitat partagé offre un nouvel élan au logement pour les seniors ?
Qu’est-ce qu’un habitat partagé ?
L’habitat partagé est un habitat collectif pensé pour des personnes âgées fragilisées qui ont tout de même gardé une grande part d’autonomie, qui ne peuvent plus ou ne souhaitent plus vivre dans leur domicile traditionnel, car il n’est plus forcément adapté à cette évolution de leurs capacités. Les personnes les plus concernées par l’habitat partagé sont les seniors seuls qui souhaitent sortir de l’isolement, conserver un lien avec les autres et surtout préserver l’état de leur autonomie.
Chaque senior occupe un espace privatif (chambre, salle de bain) et partage des espaces communs avec les autres habitants (cuisine, salle commune, buanderie, jardin, etc.). L’habitat partagé est régi par la loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové) entrée en vigueur en France en 2014.
Une alternative aux EHPAD
Les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont des maisons de retraite médicalisées qui s’adressent majoritairement à des personnes âgées qui ont besoin d’aide et de soins au quotidien. Ces établissements accueillent donc des seniors en grande ou très grande dépendance.
L’habitat partagé, lui, offre une solution complémentaire aux solutions existantes de type EHPAD, car il permet d’accueillir des personnes autonomes ou disposant d’une grande partie d’autonomie. De plus, le mode de vie occupé par les locataires de l’habitat partagé nécessite de continuer à effectuer des gestes essentiels qu’ils ne seraient plus forcément amenés à réaliser en EHPAD. L’habitat partagé permet donc non seulement de briser l’isolement social, mais aussi d’allonger l’autonomie de ces seniors.
L’objectif est de créer un nouveau chez soi régi autour de 3 piliers :
- Mutualisation des surfaces : en aménageant des espaces de vie dédiés à plusieurs personnes avec des grands espaces de vie communs mais avec tout de même un espace privatif.
- Accompagnement : en offrant la possibilité aux locataires les plus fragilisés, d’avoir des auxiliaires de vie qui pourront les accompagner dans l’accomplissement de certains gestes du quotidien.
- Projet de vie sociale partagé : en préservant l’intimité de chacun tout gardant cette logique participative et familiale. Chacun a sa place et développe un sentiment d’inclusion et d’utilité sociale. Chaque locataire est invité à participer à cette vie collective. Même les personnes moins autonomes peuvent participer et se maintenir dans l’action.
L’habitat partagé propose donc de lutter contre une certaine forme d’infantilisation des personnes âgées et de limiter l’institutionnalisation en leur procurant un cadre de vie traditionnel et en les laissant être acteurs de leur quotidien.
Comment créer un habitat partagé ?
L’habitat partagé est, dans la plupart des cas, un projet porté par un groupe de personnes.
Ensemble, ils décident de concevoir un habitat en commun qui s’adapte à leurs besoins. En général, il s’agit de nouveaux bâtiments car il est difficile de trouver de l’existant qui s’adapte exactement aux exigences de chacun. Néanmoins, il arrive parfois que certains bâtiments soient transformés en habitat partagé. L’habitat partagé agit donc principalement dans une logique de concertation et de cooptation. L’objectif étant de trouver des personnes aptes à vivre ensemble, qui ont des valeurs communes voire des centres d’intérêts communs.
Certaines structures d’accompagnement proposent aussi des solutions adaptées aux projets de chacun : études, diagnostics, accompagnement à la création de nouvelles activités, formations, transfert de compétences, etc.
Les collectivités territoriales participent également à l’élaboration de ces habitats partagés en cédant une partie de leur tènement foncier. Les mairies donnent l’impulsion mais il faut un groupe d’habitants intéressé par la démarche. Par ailleurs, elles construisent l’habitat dit « inclusif » destiné aux personnes âgées qui souffrent d’une légère dépendance (seniors, adultes en situation de handicap). L’habitat inclusif répond notamment à certains critères spécifiques au regard de l’article 129 de la loi ELAN (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) en vigueur en France depuis le 23 novembre 2018.
Pour les communes : une opportunité de dynamisation
Aujourd’hui, la problématique à laquelle se heurtent les particuliers concernant l’acquisition d’un logement est le prix du foncier. L’habitat partagé permet donc de mutualiser les coûts et ainsi de rendre un territoire plus attractif. Développer une dynamique intergénérationnelle fait vivre le territoire. Des personnes de tous horizons, de toutes générations vont pouvoir se rencontrer au sein d’un même immeuble et contribuer ensemble à la dynamisation du territoire, en travaillant et en participant à la vie collective.
Une démarche à intégrer dans une stratégie patrimoniale
Afin de contribuer à réduire l’impact environnemental, il est essentiel de limiter au maximum la construction de nouveaux projets immobiliers en préservant le patrimoine bâti existant. Dans son rôle de tiers de confiance, tbmaestro accompagne les collectivités dans l’élaboration de leur stratégie immobilière. Grâce à la réalisation d’un schéma directeur immobilier (SDI), les collectivités sont mieux disposées à adapter leurs actifs aux besoins des usagers et par conséquent, à proposer des lieux prêts à accueillir des personnes souhaitant aménager un habitat partagé.
Mots-clés : habitat partagé, seniors, lien social, autonomie, territoire, collectivités, dynamisation, mixité, dépendance.
Date de l’article : 06/04/2022
Rédacteur : Samia Mortier
Sources :