L’approche low-tech au service de la transition écologique
4 Avr, 2023
La low-tech est née dans les années 1970 dans une volonté d’envisager l’activité humaine sous un angle novateur. Elle souhaite proposer des solutions pour avoir un impact moins important sur les ressources de la planète et en préservant les écosystèmes.
Qu’est-ce que la low-tech ?
Au-delà de proposer des solutions techniques standardisées, la démarche low-tech propose avant tout une approche systémique. En effet, d’après l’association Low-tech Lab, qui a pour mission de partager et de développer les initiatives low-tech, cette démarche repose principalement sur les trois piliers suivants :
L’utilité : la démarche low-tech questionne les besoins réels d’un individu ou d’un collectif tout en incitant à revenir à l’essentiel.
L’accessibilité : l’esprit low-tech se traduit par la simplicité des technologies, celles-ci doivent être facilement appréhendables, adaptables selon le contexte local et peu coûteuses. L’objectif est de promouvoir l’autonomie à l’échelle des populations ou des systèmes.
La durabilité : dans la philosophie low-tech, les maîtres-mots sont l’éco-conception, la résilience, la réparabilité, la robustesse, le recyclage, l’agilité ou encore la fonctionnalité. La low-tech incarne une invitation à réfléchir aux impacts environnementaux mais aussi sociaux et sociétaux sur l’ensemble du cycle de vie des technologies.
L’approche low-tech est difficile à définir dans un cadre strict parce que ses applications sont plurielles. Dans son état des lieux et perspectives des démarches « low-tech », l’ADEME propose la définition suivante :
« Le qualificatif de low-tech s’applique à une démarche et non pas à son résultat. Ainsi, un objet n’est pas low-tech dans l’absolu, il est plus (ou moins) low-tech qu’une solution alternative répondant au besoin initial. »
L’approche low-tech, parfois appelée innovation frugale, est une démarche innovante et inventive de conception et d’évolution de produits, de services, de procédés ou de systèmes qui vise à maximiser leur utilité sociale, et dont l’impact environnemental n’excède pas les limites locales et planétaires.
La démarche low-tech implique un questionnement du besoin visant à ne garder que l’essentiel, la réduction de la complexité technologique, l’entretien de ce qui existe plutôt que son remplacement. La démarche low-tech permet également au plus grand nombre d’accéder aux réponses qu’elle produit et d’en maîtriser leurs contenus. »
Pourquoi adopter une démarche low-tech : les limites de la smart city
La démarche low-tech incarne une philosophie d’éco-conception qui s’accompagne d’une vision globale et peut s’appliquer dans tous les domaines. D’après l’auteur et ingénieur Philippe Bihouix :
« La low-tech demeure avant tout une démarche plutôt qu’un ensemble de solutions clef en main. »
Appliquée à l’urbanisme, la pensée low-tech s’inscrit en opposition avec le modèle utopique de la smart city qui tend à s’essouffler dans les milieux urbains occidentaux.
D’après le rapport « Pour des métropoles low-tech et solidaires » du Labo de l’ESS :
« La smart city est une ville « intelligente » parce que technologique. Les promesses de la ville high-tech sont nombreuses : améliorer la qualité de vie, rendre les services urbains plus efficaces et moins couteux grâce à une meilleure gestion des flux, outiller la trajectoire de durabilité des villes. Sans leur nier toute réalité, ces promesses pourraient néanmoins connaître des revers largement sous-estimés. »
Critique par rapport aux promesses de la smart city, l’auteur promeut une vision plus sobre de la ville qui reposerait plus sur « l’intelligence de ses habitants » que sur des technologies énergivores, dépendantes des ressources non-renouvelables (minerais), génératrices de pollutions et de déchets et difficile à maintenir.
Aussi, loin d’une approche techno-solutionniste qui miserait uniquement sur le développement des technologies pour répondre aux enjeux écologiques, l’approche low-tech repose plus sur la notion de techno-discernement : il s’agit d’intégrer l’innovation technologique là où elle serait vraiment utile et de privilégier les solutions sobres et autonomes.
La démarche low-tech à l’échelle urbaine
À l’échelle d’une ville, la première étape d’une démarche low-tech serait de faire de la sobriété dès l’expression des besoins d’une nouvelle construction. Concrètement, il s’agit de construire moins et de mieux utiliser le bâti existant.
Ci-dessous, un schéma illustrant la démarche low-tech à l’échelle d’une ville :
La notion de chronotopie qui vise à penser l’espace en fonction du temps d’utilisation et des usages possibles tend à se populariser. En effet, qu’il s’agisse de mutualiser des équipements urbains, d’hybrider les usages ou de faire les deux simultanément, cette solution simple permettrait d’optimiser le patrimoine bâti et de limiter les besoins de constructions neuves tout en s’inscrivant dans une réelle démarche low-tech. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre article portant sur l’optimisation des infrastructures sportives.
De plus, la vacance du patrimoine bâti reste trop peu souvent exploitée. Pourtant, qu’il s’agisse du logement ou des bâtiments tertiaires, la vacance du bâti représente un potentiel non-négligeable. En effet, chaque année, la réserve de logement augmente de 350 000 unités, dont 50 000 logements vacants. Cette construction excédentaire provoque l’artificialisation des sols « deux à quatre fois plus vite que l’augmentation de la population ». La faisabilité de l’utilisation du bâti vacant reste tout de même à nuancer puisqu’environ 60 % du bâti vacant se situe dans « les périphéries dépeuplées en raison de l’attractivité métropolitaine ». Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre article portant sur l’optimisation du patrimoine bâti vacant.
Bien que prometteuse, la démarche low-tech peine encore à se déployer à l’échelle des territoires.
Si les villes de Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Lille et Poitiers mènent des expérimentations low-tech à l’échelle de leur territoire, d’après le Labo de l’ESS, le déploiement des low-tech rencontre encore des freins divers :
« Un frein culturel : le besoin de sensibilisation des professionnel·le·s et des particuliers sur le sujet, pour dépasser le cercle des « convaincu·e·s.
Des freins réglementaires et assurantiels relatifs aux matériaux biosourcés.
Un frein économique : le coût de construction est parfois plus important, notamment du fait des contraintes d’approvisionnement qui pèsent sur les matériaux utilisés et du fait de la part plus importante de travail humain dans sa mise en œuvre.
Pourtant, les collectivités commencent à s’approprier la démarche et diverses expérimentations sont menées. Un projet d’expérimentation soutenu par l’ADEME, la Région Bretagne et piloté par le Low-tech Lab a pris forme sur le territoire de Concarneau Cornouaille Agglomération.
L’objectif est d’accompagner 20 organisations publiques et privées (7 structures privées, 6 structures publiques et 7 associations) sur le territoire dans leur transition vers la sobriété et la résilience tout en intégrant une démarche low-tech.
L’échelle de la communauté d’agglomération a été choisie, car elle est particulièrement adaptée pour l’expérimentation : les 9 villes du périmètre de l’agglomération pourront bénéficier d’expérimentations dans les domaines du bâtiment, de l’habitat, de la mobilité et de la gestion des déchets. Il est à noter que cette initiative s’inscrit en cohérence avec les actions du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de la collectivité.
Dans son rapport « Pour des métropoles low-tech et solidaires – une ville plus simple, plus sobre, plus humaine », le Labo de l’économie sociale et solidaire décrit 4 axes principaux qui regroupent les besoins des citadins :
Habiter.
(Se) déplacer.
Accéder à des biens et services de consommation courante.
Produire et travailler.
Concernant l’habitat, les pistes identifiées incluent la densification de la ville jusqu’à un certain seuil de contre productivité. Pour tendre vers cet objectif, les solutions existent déjà : intensifier les usages et mutualiser les espaces (locaux mettant à disposition des espaces de bureaux, des zones ateliers, des FabLab…), l’habitat partagé (coliving ou habitat intergénérationnel), l’urbanisme transitoire ou temporaire qui promeut des aménagements modulaires et réversibles tout en testant les futurs usages du lieu ou encore le recyclage des espaces urbains (les friches). En outre, la rénovation énergétique des bâtiments constitue un levier fondamental pour tendre vers la sobriété. Elle doit également s’accompagner de sensibilisation et de changement des pratiques individuelles et collectives pour être la plus efficiente possible. Le développement de l’écoconstruction représente également un levier intéressant.
Les villes et les agglomérations ont donc tout intérêt à mobiliser l’approche low-tech dans l’exercice de leurs compétences, qu’il s’agisse du développement économique et de l’emploi, de l’urbanisme et de l’habitat, de l’environnement et du cadre de vie, des mobilités et enfin de la culture et de l’éducation.
À travers la réalisation de schémas directeurs immobiliers et énergétiques (SDIE), tbmaestro accompagne les collectivités dans la gestion de leur patrimoine immobilier. En outre, lors de la réalisation d’un audit 360°, le volet occupationnel et fonctionnel permet d’identifier les axes d’amélioration possibles concernant les usages des bâtiments et espaces collectifs. Ces outils proposés par tbmaestro permettent aux collectivités de se doter d’une véritable stratégie patrimoniale transversale qui intègre des opérations immobilières permettant de lutter contre la vacance du bâti et de s’inscrire dans une démarche de sobriété.
Mots clés : low-tech, sobriété, techno-discernement, chronotopie, vacance du bâti.
Lopez C., Le Bot N., Soulard O., Detavernier P., Heil Selimanovski A., Tedeschi F., Bihouix Ph., Papay A. 2021, La Ville Low-Tech, ADEME – Institut Paris Region – AREP. Cet ouvrage est disponible en ligne https://librairie.ademe.fr/
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