« Si nous savons collectivement nous comporter de manière plus sobre et nous savons faire des économies d’énergie partout, alors il n’y aura pas de rationnement et il n’y aura pas de coupures » Emmanuel Macron, 5 septembre 2022.
Depuis la rentrée 2022, l’Etat multiplie les prises de paroles et les plans sur la sobriété énergétique. Mais que cela signifie-t-il ? Les collectivités et les ménages sont-ils à l’abri de coupures généralisées ?
Un peu de contexte
Si l’on parle de sobriété énergétique, c’est parce que l’énergie se fait rare et chère en Europe, et plus particulièrement en France. Cette notion nous semble assez incongrue car nous avons toujours eu de l’énergie, ou du moins de l’électricité, en suffisance si ce n’est en abondance. Seulement un concours de circonstances fait de la France un pays d’Europe qui produisait l’énergie la moins chère à celui qui la produit la plus chère.
Le premier phénomène expliquant cela est l’augmentation de la demande en énergie couplée à la hausse du prix du gaz suite à la crise sanitaire, où les prix de l’électricité avaient doublés en fin 2021. Le second, qui se répercute sur l’ensemble de l’Europe est l’éclatement de la guerre en Ukraine, qui s’en est suivi de sanctions économiques contre la Russie engendrant un approvisionnement seulement partiel du gaz russe vers l’Europe. Le dernier phénomène propre à la France est l’arrêt temporaire de 26 réacteurs nucléaires sur 56, lié à des besoins de maintenance retardés par la crise sanitaire et à un manque d’investissement global sur le nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima.
Cet ensemble de circonstances qui a fait exploser le prix de l’énergie a néanmoins des conséquences différentes sur l’Etat, les ménages et les collectivités.
En effet, les particuliers et les collectivités de moins de 10 employés et de moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires bénéficient depuis octobre 2021 du bouclier tarifaire. Ce dispositif limite l’inflation des prix de l’énergie à 4% en 2022 et 15% en 2023. Le reste de la note est compensé par l’Etat, qui en septembre 2022 s’élève à 20 milliards d’euros.
Pour le reste des collectivités, la note s’avère salée car si elles ne paient pas exactement l’énergie selon le prix de gros (prix de production) grâce à des réductions de fiscalités et des augmentations de volume d’accès régulés à l’électricité nucléaire historique, les collectivités sont soumises à l’inflation du marché de l’énergie.
Or, le prix de gros de l’électricité, qui était ces 5 dernières années autour de 45€ du MWh, a grimpé à plus de 1000€ du MWh en septembre 2022. En ce qui concerne le gaz naturel, le prix de gros PEG (Point d’Echange Gaz) est passé d’environ 20€ du MWh à 170€ du MWh fin août 2022.
Et si le prix de l’énergie acheté par les collectivités change selon le fournisseur, qui régule le prix par effet tampon, celles-ci risquent de se retrouver avec une facture énergétique 2 à 4 fois plus élevée que d’habitude.
Ainsi, et à défaut d’alternatives dans l’immédiat, l’Etat propose de baisser les consommations d’énergie quitte à réduire les activités. On parle alors de sobriété énergétique.
Sobriété énergétique ou sacrifice collectif ?
Par définition la sobriété énergétique est la diminution des consommations d’énergie par des changements de mode de vie et des transformations sociales. En pratique, les plans d’actions varient selon l’échelle du territoire.
Du côté de l’Etat, le gouvernement a annoncé un plan de réduction de consommation d’énergie de 40% d’ici 2050, et de 10% d’ici deux ans. La stratégie de ce plan se base sur 4 piliers :
La sobriété énergétique, en consommant moins ;
L’efficacité énergétique, en consommant autrement ;
L’accélération du développement des énergies renouvelables ;
La relance de la filière nucléaire française.
Par ailleurs la mise en place de ce plan passe par la réalisation de groupes de travail avec les acteurs publics et privés. Ceux-ci doivent inciter les acteurs à élaborer des plans d’actions à moyen et long terme pour réduire les consommations. Les résultats des premiers groupes de travail ont été rendus publics à la fin du mois de septembre.
Cependant, ces mesures ne pourront pas faire baisser les consommations de manière drastique dans le court terme, et exceptionnellement pour l’hiver 2022, l’Etat demande une sobriété volontaire de tous les utilisateurs pour éviter les rationnements d’électricité et les coupures programmées. Ce rationnement passe par trois étapes claires : tout d’abord des interruptions de quelques secondes ou minutes des grands sites industriels, puis une baisse de 5% de la tension du réseau électrique et enfin des coupures localisées et programmées entre 8h et 13h puis 17h30 et 20h30 des ménages dans le cas de grand froid. Néanmoins, cette demande de sobriété énergétique par l’Etat, vue comme un avertissement par certains, risque surtout de se réaliser telle une prophétie pendant l’hiver.
Du côté des collectivités, le plan à long terme pour réduire les consommations énergétiques se traduit par le décret tertiaire qui vise une baisse de 60% des consommations d’ici 2050 sur une partie de leur patrimoine (hors valeurs absolues). Dans l’immédiat, la sobriété énergétique sera vécue principalement comme une obligation si les collectivités ne souhaitent pas s’endetter ou payer les factures risquant une rupture partielle de certains services publics.
L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maitrise écologique) tente de donner les moyens aux collectivités de réduire leurs consommations sans réduction des services proposées. On y recense une liste de dispositifs d’optimisation énergétique, notamment l’existence de fonds pour des travaux de rénovations énergétiques ou de création de réseaux de chaud, des retours d’expériences de collectivités pratiquant la sobriété énergétique, des guides pour la rénovation énergétiques… Ainsi qu’une liste de bons réflexes du quotidien.
Ceux-ci se composent d’un volet éclairage (diminution de l’éclairage extérieur, extinction de l’éclairage en intérieur la nuit et lors des fermetures), d’un volet numérique (remplacer les postes fixes par des ordinateurs portables, paramétrer les appareils électroniques) et d’un volet chauffage, qui préconise le bon entretien des installations, de la pose de programmateurs et du respect des températures conseillées (19°C dans les bureaux occupés, 8°C dans ceux inoccupés plus de deux jours consécutifs).
Pour aller plus loin, l’Etat a annoncé dans son plan de sobriété du 6 octobre une nouvelle liste de recommandations limitant la consommation énergétique, dont la réincitation au télétravail, l’arrêt du chauffage de l’eau sanitaire, l’incitation au covoiturage et la limitation de vitesse des véhicules de service.
Cependant deux tiers de ces bons réflexes concernent généralement les consommations électriques, or les consommations gaz sont majoritaires dans les consommations énergétiques d’une collectivité. Nous pouvons recenser cela par un exemple de général de bâtiment :
Dans cet exemple typique, les consommations électriques ne constituent que 20% des consommations globales du patrimoine des collectivités. Or, il existe peu de bon reflexes pour la sobriété énergétique du chauffage hormis la mise en place de régulation par thermostats programmés. Le levier d’action le plus efficace dans la réduction de ces consommations réside dans la rénovation énergétique, très difficile à réaliser dans le court terme. Cependant, l’hiver approche et les collectivités ne pourront proposer des services dans des bâtiments non chauffés. Ainsi la sobriété énergétique lors de l’hiver 2022 pourrait se traduire par la fermeture temporaire du patrimoine géré par les collectivités.
Pour parler d’avenir
Si le prix de l’électricité devrait baisser grâce à la réouverture des 26 réacteurs nucléaires durant l’hiver, le prix du gaz a peu de chances de revenir à son prix initial. Ainsi il devient intéressant de réaliser les travaux suivants :
La rénovation énergétique des bâtiments, afin de faire baisser les consommations énergétiques. Par ailleurs ces travaux sont coûteux et tous les bâtiments ne sont pas intéressants à isoler (faible ratio KWh économisés/investissement).
Le changement de production de chaleur, afin de baisser le prix de l’énergie. En effet, si le prix de l’électricité, avant son augmentation de 2022, reste trop élevé pour chauffer directement les bâtiments, il est intéressant pour alimenter les pompes à chaleur. L’alternative la plus rentable aujourd’hui est l’énergie produite par chaudière à granulés de bois, dont le prix reste stable car la production des granulés est réalisée à 85% en France. Il est cependant soumis à la hausse des prix des matières premières.
Afin de mener efficacement une campagne de travaux énergétiques, il est important d’avoir une bonne visibilité de son parc immobilier. tbmaestro vous accompagne dans la réalisation de votre schéma directeur immobilier afin de réaliser les audits sur les enjeux techniques, fonctionnels, financiers et énergétiques sur l’ensemble de votre patrimoine. Par la suite, la stratégie étudiée avec vous sur votre parc d’actifs vous permet de disposer de toute l’information nécessaire dans la conception du plan pluriannuel d’investissement. À noter aussi qu’en relevant les besoins précis de votre collectivité, il est possible de cibler les investissements, et donc de limiter à la fois les dépenses de fonctionnement et les construction neuves, choix cohérents en termes de sobriété.
Mots clés : sobriété énergétique, prix de l’énergie, efficacité énergétique, collectivités.
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